DARBANDIKHAN


IRAK

Au printemps 1980 la société SOLETANCHE approche SOGETRAM pour réaliser un gros chantier sur un barrage en IRAK, notre directeur Roger ARMELA travaille sur le projet et ce n'est pas une mince affaire les difficultés techniques sont énormes et le lieu du chantier dans le nord de l'IRAK dans le KURDISTAN ne facilite pas la tâche.

Pour réaliser ces travaux une équipe de cinq scaphandriers sera nécessaire.

Roger à retenu son chef de mission il s'agit de Jean LOUVET, à lui de constituer son équipe et il faut pas se tromper car les travaux auront lieu a plus de 70 m de profondeur avec des matériels pas utilisés dans l'entreprise depuis plusieurs années.

Nous allons plonger au mélange ternaire et avec des appareils DRAEGER recycleur de gaz pour économiser les mélanges.

La team est formée en plus du chef il y aura Jean Louis MORIN et Dominique BONMARTEL tous les deux des scaphandriers ayant déjà une bonne expérience, ainsi que deux jeunes du stage de 1979, Philippe STOKLOSA et moi-même, à l'époque je n'ai que un an dans le métier et je ne suis pas classe III, donc en principe pas apte à ce genre de travaux, il nous faudra en plus une dérogation médicale délivrée par le docteur SUSBIELLE pour nous autoriser à travailler à ces profondeurs.

Bien sûr je ressent une certaine fierté d'être choisi, c'est aussi un rêve qui se réalise cela va être mon premier chantier à l'étranger et c'est bien l'aventure que je suis venu chercher dans ce moulin, je repense au chemin parcouru en un an et la je me dit que les choses s'accélères.

Notre équipe sera convoquée à Nanterre dans les locaux de SOLETANCHE afin de nous expliquer le lieu ou nous allons opérer, cette réunion qui se veut rassurante en fait nous met en garde contre tous les dangers du pays et tous ce qu'il faut savoir pour notre sécurité, à l'époque le PKK, un partie KURDE à tendance stalinienne s'adonne à un passe-temps, l'enlèvement des ressortissants étranger afin d'obtenir des rançons.

On nous explique quel sera notre cadre de vie et quelles seront nos maigres distractions pour occuper nos vendredis fériés.

On nous liste les documents que nous devrons établir avant notre départ, carnet de vaccination, permis international et bien sur le passeport, celui-ci sera mon premier.

En ressortant de ces locaux j'ai un sentiment étrange, un mélange d'excitation et d'inquiétude, mais tout cela est bien vite balayé la fougue de la jeunesse ne s'embarrasse pas trop longtemps de ce genres de pensées.

Je touche mon genoux douloureux, en effet en venant de Garennes avec Philippe dans sa Triumph Dolomite, il a eu le pied lourd à la sortie d'un virage sur une bande blanche et on a fini dans un mur, rien de grave mais maintenant il faut rentrer au moulin.

En Avril 1980 ce n'est pas le beaujolais nouveau mais les nouveaux stagiaires qui prennent place dans le dortoir et la salle de classe, il y a un an j'étais à cette place et pourtant cela me parait déjà loin, sans doute que la vie intensive et la multitude de déplacement nous vieilli plus vite, j'ai la sensation d'avoir eu plusieurs années en une.

Dans ce nouveau stage j'ai pu y faire admettre un copain d'enfance Thierry RODAS, il ne savait pas lui non plus à ce moment qu'il signait pour quarante ans de travaux dans le métier. Petit Pierre et Jean Louis MORIN s'occupe de ce stage, pendant ce temps je prépare mes papiers et lors de mes passages au moulin on fait connaissance avec le matériel DRAEGER ce qui nous change bien de notre détendeur Spirotechnique.

Un jour dans la cour je vois un poids lourd style américain avec un nez long, un chauffeur avec une moustache de cow-boys il vient embarquer des racks de gaz, je revois encore ces bouteilles oranges chargées d'un mélange 80% hélium et 20% oxygène, pourquoi je précise ces pourcentages c'est pour une indication ou je reviendrais plus tard.

Ce camion va devoir traverser toute l'Europe du Sud passer par la Turquie à Istamboul et ensuite aller livrer le matériel en dessous de MOSSOUL dans le KURDISTAN, un métier aussi pas toujours évident.

Le grand jour est arrivé nous sommes en juillet et nous sommes à l'aéroport d'ORLY, tous les cinq, et cela commence bien, notre avion, le premier de ma vie est en panne, la compagnie irakienne nous invite à patienter le temps que l'on travaille sur le réacteur, cela durera plusieurs heures, le temps pour nous de remanger et de bien picoler pour tuer le temps. Le soir à la nuit tombée on finit par embarquer, le vol se passe sans appréhension particulière, je me rappelle encore cet atterrissage un peu dur à BAGHDAD, mais ça y est l'aventure commence.

Nous irons ensuite en voiture jusqu'à une villa dans un quartier de cette capitale, après un sommeil réparateur, je me lève ce matin dans cette demeure qui est en fait l'agence locale de SOLETANCHE, SOLSIF ici en IRAK.

Le ciel est bleu, il fait chaud, je suis sur une terrasse blanche en train de fumer ma Marlboro, le soleil tape fort, on entend un brouhaha de circulation ponctué de multiple coups de Klaxon, c'est un ambiance peu habituel pour moi, mais on à pas beaucoup le temps de se prélasser il faut bientôt monter dans un 4x4 et je sais qu'on part pour environ 300 km vers notre barrage à DARBANDIKHAN.

Nous avons un chauffeur local et c'est plus prudent en cas de problème, le voyage est un peu long, le paysage au début est vraiment triste, la route est bordée de champs de poussière avec des pâtés de maison en briques de terre, les bas cotés sont jonchés de détritus plastique et parfois de cadavre d'animaux, tout cela battu par un vent qui soulève des petites tornades de poussières.

La circulation est dense, les taxis ici sont bicolores blanc et orange et ne s'embarrassent pas des priorités. Nous traversons quelques agglomérations, la foule est importante, et je m'aperçois qu'il peut y avoir de belles Irakiennes.

Elles sont marrantes ces étudiantes avec leur costume, chemisier blanc, jupe bleu marine plissée, socquettes blanches, il y a un parfum anglo-saxon dans tout cela. Je découvre un monde nouveau, il y a un mélange dans la population entre des femmes habillées à l'européenne et quelques femmes avec un voile mais on est loin de ce que je verrais 30 ou 40 ans plus tard.

Au bout de quelques heures le paysage devient plus vallonné, un genre de contre fort aux montagnes du KURDISTAN, on aperçoit même des parcelles de terrain vertes avec des vaches et chèvres qui broutent, on passe plusieurs barrages militaires, cela nous rappel qu'on est pas dans une zone dénuée de tous danger et enfin on arrive au village de DARBANDIKHAN.

Par la fenêtre de la voiture j'aperçois le barrage avec ses trois sauts à ski, il barre la vallée et sur son flan aval une route en serpent le parcours pour arriver à son sommet.

Notre camp se trouve au pied du barrage en aval le long d'une rivière tumultueuse.

La voiture s'immobilise enfin, on est accueilli par le chef de chantier de SOLSIF et sa femme qui s'occupe de l'intendance, dans ce camp il y a des bungalows posés sur des agglos cela sera notre demeure, en face du mien en regardant vers la rivière je peux voir une colline immense, verte, sauvage, tout son flanc est à l'ombre et selon l'heure plus tard je verrais la lumière se déplacer à la vitesse d'un cheval au galop au gré du parcours du soleil.

Au centre du camp une installation un peu plus grande nous sert de cantine, en fait on est pas très nombreux quelques français de chez Solsif, notre équipe, et il y a même deux adolescents, c'est la période de vacance scolaire et ils ont rejoint leurs parents dans ce coin isolé.

A SUIVRE

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