Le barrage de Hautefage

Le HY de SOGETRAM

D.Marty - Pierre Grave -Gaby Lafaye

         Le caison sur le barrage

J'habille Didier Marty

C'est parti pour "la profonde"

P.Cotty et Rémy Bonnard en aval du barrage de Hautefage 1979

Depuis quelques jours on entend tous parler d'un chantier ou soi-disant les meilleurs du stage pourraient se retrouver après nos plongées en barrage, il s'agit de l'ile du levant, un nom qui me fait rêver, il s'agirait de réaliser une plateforme en béton pour les tirs de l'armée, ce chantier attise notre curiosité mais pour l'heure il faut préparer le caisson de thérapeutique qui doit nous suivre en Corrèze.

Après un voyage de plusieurs heures en « HY Citroën » nous voilà arrivés à Argentat, un vrai calvaire ce camion 3 vitesses, 2 places assise et une 3eme sur un strapontin au milieu les jambes dans le moteur, mais on finit par s'y habituer.

Nous sommes tous loger dans un hôtel du centre-ville, il y a deux barrages autour d'Argentat, le Chastang sur la Dordogne et celui de Hautefage sur la Maronne, c'est sur ce deuxième que nous avons installés notre matériel, le programme de cette semaine dans le massif central et que chaque stagiaire réalise au moins une plongée entre 40 et 50 m avec à la clef des paliers de décompression. Pour certains qui ont déjà une expérience de plongée profonde en club ou à l'armée cela peut sembler simple, mais moi pour l'instant je n'ai pas dépassé les 5m et j'appréhende un peu, je n'ai pas de crainte j'ai confiance mais j'y pense un minimum, j'ai même intérieurement hâte d'y être.

Nous allons chacun à notre tour être le plongeur, le chef de plonge ou le plongeur secours, nous sommes installés sur la crête du barrage sur un plot central d'une dizaine de mètre carré, une petite embarcation de sécurité flotte juste en dessous de nous, les premières plongées se déroule sans encombre, cela va bientôt être mon tour.

On finit de m'habiller, l'air est branché, les communications fonctionnent, je m'approche du bord, il faut sauter d'environ trois à quatre mètre pour arriver à l'eau, je m'élance et entre dans la Maronne les palmes en avant, dans un tourbillon de bulles je m'enfonce et remonte presque aussitôt en surface, tout est ok, je me retourne face à la paroi du barrage, la descente va pouvoir commencer. L'eau est bien moins claire que celle de la piscine de Garennes, mais j'aime bien cette couleur verdâtre, l'air contenu dans mon vêtement s'évacue par la soupape de tête, je m'enfonce doucement vers les profondeurs, je me déhale sur un « bout » qui me servira pour les paliers à la remontée, l'obscurité devient de plus en plus intense, alors qu'il y a quelques minutes je me lézardais au soleil je suis maintenant dans la nuit la plus totale, je continu à descendre, mes oreilles « passent bien », ma lampe de tête dégage un halo de lumière circulaire sur la paroi en béton qui défile devant moi.

La descente dure que quelques minutes qui pourtant me semblent bien longues, et puis ça y est mais pieds viennent de rencontrer un tas de branche qui se trouve dans le fond, un nuage de poussière ou de vase remonte aussitôt devant mon champ de vision, j'averti la surface que je suis au fond, je cherche mon narghilé qui est passé devant moi entre le vêtement et ma ceinture de plomb, et sur lequel est fixé un profondimètre, il indique 47 m, la surface me demande de patienter quelques minutes dans le fond, on me pose quelques questions simples comme des additions ou soustractions afin de tester mon état, tout va bien, je dirais même que je suis bien, j'observe dans mon rayon lumineux, les branches, la paroi et le fond vaseux qui m'entoure, le temps c'est arrêté, je suis heureux.

Mais d'un seul coup la surface me ramène à la réalité, il faut remonter, le vêtement et bien plaqué sur mon corps, je respire par l'embout buccale et je rejette de l'air dans la cagoule par le nez, je pose une main sur ma soupape afin qu'elle relâche moins d'air et de l'autre je me hisse sur la corde, la remontée commence, un léger coup de palme m'aide à remonter un peu plus vite, je sens mes oreilles qui se décoinces et au fur à mesure la nuit devient moins sombre, la surface reprend le mou de mon narghilé, je surveille mon profondimètre et j'annonce au fur à mesure ma profondeur, je m'arrête à six mètre une marque est fixé sur le « bout », je vais faire mon premier palier, il sera ensuite suivi d'un deuxième à trois mètre, il fait presque jour, je vois le soleil se refléter sur l'ondulation du plan d'eau. Après quelques minutes je peux faire surface, je retire ma ceinture de plomb, me hisse avec l'aide d'un autre stagiaire dans le bateau il s'agit de Dominique Vannier, je retire mes palmes, on débranche mon narghilé et l'embarcation rejoint la rive.

Voilà mon baptême est fini, le stage aussi va se terminer une foi que nous aurons tous réalisés notre plongée au fond de la Maronne, mais on ne sera pas encore scaphandrier, il faudra attendre un an, car pendant cette période on sera toujours stagiaire, il faudra tourner pendant des mois sur plusieurs chantier avec différents chefs d'équipes pour compléter notre formation.

Mais en attendant ce soir, on va fêter cela en débouchant le champagne, c'est une tradition qui suivra aussi les stagiaires des années à venir.

© 2016 Patrice Cotty 27240
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